Colloque international
18 avril 2024
Université Cheikh Anta Diop (UCAD), Dakar
20 avril 2024
Université Gaston Berger (UGB), Saint-Louis
Le colloque « Traduire les récits d’objets », à l’Université Cheikh Anta Diop et à l’Université Gaston Berger, est dans le prolongement du colloque « Récits d’objets : nouvelles formes de la valeur », organisé en octobre 2023 aux Archives nationales de France. Ces deux manifestations scientifiques s’inscrivent dans le programme de recherche « Archiver les récits d’objets », né d’une collaboration entre le Laboratoire Arts des images et art contemporain (AIAC) de l’Université Paris 8, les Maisons de la Sagesse-Traduire, les Archives nationales et le Réseau des valeurs culturelles solidaires (REVACS). Il s’articule autour du principe des « muséobanques » ou « Greniers du futur », selon une nouvelle appellation apparue au Sénégal, inspirés des banques culturelles africaines de l’Afrique de l’Ouest.
Le dispositif s’appuie sur trois éléments : un objet accompagné de sa biographie, un projet entrepreneurial et un micro-crédit. La valeur du « bien » sert de garantie à un prêt personnel pour développer une activité économique ou culturelle. L’objet temporairement exposé, jusqu’au remboursement du prêt, peut à tout moment être récupéré par son propriétaire, notamment pour une cérémonie ou un rituel. Les objets sont donc voués à disparaître. Cette absence programmée déplace l’attention sur la puissance du récit, ce qui suppose de nouvelles modalités d’archivage et de médiation. Il s’agira de repenser les valeurs, les logiques patrimoniales et la traduction des cultures et des traditions, en interrogeant les représentations culturelles des objets, et, par là même, le rôle des images et des langues dans les processus de pensée et de création.
Organisation
Soko Phay et Patrick Nardin (Université Paris 8),
avec Babacar Mbaye Diop (ISAC-UCAD) et Abdoul Sow (UGB),
en collaboration avec le département de Philosophie de la Faculté des Lettres et Sciences humaines (FLSH), l’Institut Supérieur des Arts et des Cultures (ISAC) de l’Université Cheikh Anta Diop et de l’UFR Civilisations, Religions, Arts et Communication (CRAC) de l’Université Gaston Berger.
Ce colloque a privilégié quatre axes de recherche :
– Biographies d’objets : Faire le récit d’un objet matériel ou immatériel est inséparable de l’histoire de son usage ; on ne peut y accéder sans évoquer l’existence de ceux qui l’ont eu entre les mains. Les objets sont traversés par des influences et des significations fluctuantes induites par les actions humaines. Travailler sur les biographies d’objets, c’est également réfléchir à leur statut marchand, aux variations de leur valeur, aux processus de singularisation. Cette construction de l’identité par le récit renvoie à la notion d’« identité narrative » de Paul Ricœur, processus réflexif permettant de comprendre les événements qui traversent un parcours de vie.
– Valeurs culturelles, historiques et esthétiques des objets : Loin d’être inféodée à la valeur spéculative de l’objet, la valeur « d’attachement » trouve dans les banques culturelles une nouvelle importance. Reconnaître la valeur, c’est se déclarer attaché à la chose, se l’approprier en un sens qui n’est pas nécessairement « propriétaire », mais affectif. Il s’agira en particulier de réfléchir à la décontextualisation et à la recontextualisation des objets d’art africains. Quelle est la valeur de ces objets ? Peut-on qualifier d’œuvre d’art, une pièce qui n’est pas reconnue comme telle par le peuple qui l’a créée ? Quelles sont les relations qui s’établissent entre les fonctions sociales, les valeurs sacrées et la perception esthétique ?
– Traduction des langues et des cultures : La circulation des biens culturels place la traduction au cœur du dispositif des muséobanques. Comment nommer les choses ou les transposer dans d’autres langues ou d’autres formes de langage ? Cette translatio en mots ou en images ne se transmet pas telle quelle, mais produit une altérité, une métamorphose, témoignant par là même des rapports de force qui ne cessent de s’établir dans les échanges culturels. La traduction ne se limite pas à un simple déplacement de sens d’une langue à une autre, mais s’apparente à une rencontre entre les cultures qui enrichit chacune d’entre elles et leur permet de survivre par les apports qu’elles reçoivent.
– Création et dispositifs de médiation : La collecte des artefacts, leurs documentations et les récits afférents recoupent les problématiques de l’art contemporain : les questions liées à l’objet et son contexte (à partir entre autres du readymade), les dispositifs de médiation, les pratiques de conservation et d’exposition. Les expérimentations qui se dessinent offrent la possibilité d’imaginer un « musée du temps présent » où la question de la « valeur » passe par de nouvelles formes de négociation ; l’objet original peut ici s’effacer pour faire place à la copie, à l’archive ou à toute autre forme de présence dont l’aspect reste à inventer.Le programme de recherche « Archiver les récits d’objets » s’inscrit dans le cadre du REVACS, réseau de coopération entre les institutions culturelles et académiques, dans le prolongement des missions de Maisons de la Sagesse-Traduire. Il s’inscrit dans un espace de recherches et d’actions, dont le siège est au musée Théodore Monod d’art africain (Dakar). Il est porté par un partenariat entre l’Université Paris 8, le laboratoire Arts des images et art contemporain (AIAC), les Archives nationales, l’Institut Supérieur des Arts et des Cultures (ISAC) rattaché à l’Institut fondamental d’Afrique noire (IFAN) de l’Université Cheikh Anta Diop (UCAD) et l’Université Gaston Berger. Il est soutenu par l’Université Paris Lumières, l’EUR ArTeC, le CNRS et le Fonds de solidarité pour les projets innovants (FSPI) du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères.
________________
18 AVRIL 2024
UNIVERSITÉ CHEIKH ANTA DIOP, DAKAR
SALLE 115, FLSHS-UCAD, 4e ÉTAGE / NOUVEAU BÂTIMENT
09h00-09h15 : Ouverture avec Babacar Mbaye Diop (ISAC-UCAD), Barbara Cassin (Maisons de la Sagesse-Traduire), Kémi Bassène (REVACS), Soko Phay et Patrick Nardin (Université Paris 8)
09h15-10h00 : Barbara Cassin (CNRS, Académie française), « Biographie de quelques objets migrateurs »
10h00-10h45 : Jean-Philippe Antoine (Paris 8) « Désir(s), valeur(s) : pour une « histoire des choses », sentimentale ou pas »
10h45-11h00 : pause
11h00-11H45 : Mustapha M. Dieye (UCAD, Ecole doctorale ETHOS) « Les musées au Sénégal : entre réinterprétation post-coloniale et mutation futuriste »
11h45-12h30 : Frédérique Servain-Riviale (Musée du Quai Branly), « Retracer la biographie d’un objet de musée par l’enquête documentaire »
12h30-14h00 : Pause déjeuner
14h00-14h45 : Clothilde Roullier (Archives nationales) « Muséobanques : la part de l’archiviste »
14H45-15h30 : Soko Phay (Paris 8, Labo AIAC) « Expérimenter les biographies d’objets »
15h30-15h45 : Pause
15h45-16h30 : Clémence Delbart (Paris 8, Ecole doctorale EDESTA) « Tourner autour du pot, faire émerger d’autres récits »
16h30-17h15 : Babacar Mbaye Diop (ISAC-UCAD), « Le e masque bassari : entre sacralité et esthétisation »
17h30 : clôture
20 AVRIL 2024
UNIVERSITE GASTON BERGER (UGB), SAINT-LOUIS
AMPHITHEATRE DE L’UFR CRAC
9h00-9h15 : Ouverture avec Ibrahima Thiam (UGB), Barbara Cassin (Maisons de la Sagesse-Traduire), Kémi Bassène (REVACS), Soko Phay et Patrick Nardin (Université Paris 8)
09h15-10h00 : Fatima Fall (CRDS), « Archives publiques et privées à St-Louis du Sénégal »
10h00-10h45 : Kémi Bassène (REVACS), « Pour un laboratoire africain des patrimoines »
10h45-11h00 : Pause
11h00-11H45 : Ibrahima Thiam (UGB), « Récits d’objets : quand l’essentiel est indicible »
11h45-12h30 : Frédérique Servain-Riviale (musée du Quai Branly), « Biographie d’un bien orphelin : En quête d’un objet et de son histoire »
12h30-14h00 : Pause déjeuner :
14h00-14h45 : Barbara Cassin (CNRS/Académie française), « Equivoques dans la traduction »
14H45-15h30 : Ibrahima Khalilou Diagne (UGB), « Poterie, univers mental en milieu wolof : un patrimoine immatériel »
15h30-15h45 : Pause
15h45-16h30 : Saliou Ndour (UGB), « Les instruments de musique au Sénégal : symboles et significations des objets-témoins »
16h30-17h15 : Patrick Nardin (Paris 8, Labo AIAC), « L’image et l’objet »
17h30 : Clôture

Vues du colloque à l’Université Cheikh Anta Diop, Dakar :
Vues du colloque à l’Université Gaston Berger, Saint-Louis :